COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE
LA DISCRIMINATION RACIALE
Cinquante-sixième session
EXAMEN DES RAPPORTS PRÉSENTÉS PAR LES ÉTATS PARTIES
CONFORMÉMENT À L'ARTICLE 9 DE LA CONVENTION
Conclusions du Comité pour l'élimination
de la discrimination raciale
Danemark
1. Le Comité a examiné le quatorzième rapport périodique
du Danemark (CERD/C/362/Add.1) à ses 1377ème et 1378ème séances, les 8 et
9 mai 2000 (CERD/C/SR.1377 et 1378). À sa 1397ème séance, tenue le 23 mars
2000, il a adopté les conclusions ci-après.
A. Introduction
2. Le Comité prend acte avec satisfaction du rapport
détaillé présenté par le Gouvernement danois, qui contient des renseignements
sur les changements et faits nouveaux intervenus depuis l'examen du rapport
périodique précédent, notamment au Groenland. Il se félicite des réponses
détaillées que le Gouvernement a apportées aux questions posées et aux préoccupations
exprimées au cours de l'examen du rapport. Il remercie la délégation, où étaient
représentés un grand nombre de ministères, pour le franc dialogue qu'elle
a eu avec le Comité et pour les réponses complètes et approfondies qu'elle
a apportées oralement à toutes les questions posées par ses membres.
3. Le respect par le Danemark des délais de présentation
de ses rapports périodiques en vertu de la Convention est noté avec satisfaction.
4. Le Comité note que l'État partie a adopté une
loi sur l'intégration des étrangers (1998), qui est entrée en vigueur le
1er janvier 1999. La nouvelle loi sur le Conseil pour l'égalité ethnique,
adoptée en 1997, est accueillie avec satisfaction.
5. Le Comité note avec intérêt la création en 1999
d'un nouveau Comité ministériel chargé d'élaborer un rapport interministériel
complet sur les problèmes d'intégration existants et un plan d'action visant
à mieux intégrer les étrangers. À cet égard, il a relevé que le rapport
et le plan d'action ont été publiés en février 2000 et qu'ils contiennent
plus de 75 initiatives et mesures concrètes.
6. Le Comité note avec satisfaction qu'à la suite
de l'affaire de la ressortissante iraquienne dont il a été question pendant
la présentation orale du rapport de l'État partie, le Service danois de
l'immigration a décidé d'opérer quelques légers ajustements à sa pratique
en matière de prise en charge obligatoire des réfugiés par les municipalités.
C. Sujets de préoccupation
et recommandations
7. Le Comité note que la loi sur l'intégration des
étrangers transfère les attributions de l'administration centrale en matière
d'intégration aux autorités locales. Il recommande à l'État partie de surveiller
de près l'application de cette nouvelle loi afin d'assurer que la répartition
géographique des étrangers sur son territoire soit conforme au principe de
l'équité et ne donne pas lieu à des violations des droits qui leur sont reconnus
par la Convention.
8. Au regard de l'article 4 de la Convention, le
Comité est préoccupé par les activités menées par des organisations qui
encouragent la haine et la discrimination raciales. Il juge en particulier
inquiétante l'influence de Radio Oasen, qui appartient à une association
néonazie, dont l'autorisation a été renouvelée en 1997 par le Ministère
de la culture et qui reçoit des subventions du Gouvernement. Il recommande
à l'État partie de déclarer illégale et d'interdire toute organisation qui
favorise et encourage la discrimination raciale, et appelle l'attention
à cet égard sur sa Recommandation générale No XV.
9. En ce qui concerne le droit au logement, le Comité
note avec préoccupation que certaines décisions concernant les quotas relatifs
aux réfugiés et/ou demandeurs d'asile nouvellement arrivés au Danemark peuvent
avoir des effets arbitraires. Il recommande à l'État partie d'adopter au
sujet du droit au logement des réfugiés et/ou des demandeurs d'asile des
règles de procédure qui soient conformes aux principes et dispositions de
la Convention.
10. Le Comité note que des particuliers ont été
reconnus coupables de violation de l'article 266 b) du Code pénal et estime
que les sanctions prononcées en application du Code devraient être proportionnelles
à la nature de l'infraction.
11. Le Comité émet le vœu que la même attention
soit accordée aux droits économiques, sociaux et culturels énoncés à l'article
5. Il est particulièrement préoccupé par le niveau élevé du chômage parmi
les étrangers et les difficultés d'accès à l'emploi rencontrées par les
membres de minorités ethniques. En particulier, le Comité appelle l'attention
de l'État partie sur le fait que s'il n'est pas tenu d'octroyer un permis
de travail aux résidents étrangers, il doit veiller à ce que ceux d'entre
eux qui en ont obtenu un ne fassent pas l'objet d'une discrimination sur
le plan de l'accès à l'emploi.
12. Le Comité recommande à l'État partie de prendre
toutes les mesures requises pour réduire le chômage parmi les étrangers
et faciliter l'insertion professionnelle de toutes les personnes appartenant
à des minorités ethniques dans la fonction publique.
13. Bien que des efforts aient été engagés dans
ce sens, le Comité constate que la Convention n'a pas encore été traduite
en groenlandais. Il recommande donc à l'État partie de s'employer rapidement
à faciliter ce processus et de prévoir des moyens pour la diffusion de la
version groenlandaise de la Convention.
14. Le Comité réitère sa suggestion tendant à ce
que d'autres efforts soient faits pour que les dispositions de la Convention
soient plus largement diffusées, en particulier auprès des groupes minoritaires,
des cadres de la fonction publique, des employeurs et des syndicats. Le
public devrait être mieux informé des moyens de recours disponibles au titre
de l'article 14 de la Convention.
15. Le Comité recommande que le prochain rapport
périodique de l'État partie, attendu pour le 8 janvier 2001, constitue un
document de mise à jour et traite de toutes les questions soulevées dans
les présentes observations.