University of Minnesota



Observations finales du Comité sur l
'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, République de Corée, U.N. Doc. A/48/38,paras.405-450 (1993).




Comité sur l'élimination de la
discrimination à l'égard des femmes



République de Corée

405. Le Comité a examiné le deuxième rapport périodique de la République de Corée (CEDAW/C/13/Add.28 et Corr.1) à sa 224e séance, le 28 janvier (voir CEDAW/C/SR.224).

406. Le Comité a noté que le rapport donnait un large aperçu de l'évolution, sur les plans juridique et administratif, des droits de la femme en République de Corée depuis la présentation du rapport initial, évolution qui témoignait de la volonté du Gouvernement de continuer à oeuvrer en faveur de l'élimination de la discrimination à l'encontre des femmes. Malheureusement l'essor remarquable de l'économie, qui avait permis à un nombre de plus en plus grand de femmes d'entrer sur le marché du travail, ne s'était pas toujours accompagné d'un accroissement parallèle du rôle des femmes dans la vie politique et les processus décisionnels.

407. Présentant le deuxième rapport périodique, la représentante a brièvement exposé son contenu et les progrès réalisés ou visés. Elle a fait observer au Comité que ce rapport avait été conçu conformément aux directives générales concernant la forme et le contenu des rapports et qu'il faisait suite au rapport initial que le Comité avait examiné à sa sixième session. Ce rapport rendait essentiellement compte des progrès réalisés dans l'application de la Convention et répondait aussi aux questions demeurées sans réponse lors de la présentation du rapport initial. Il avait été établi conjointement par les ministères compétents et les organisations non gouvernementales dont l'activité concernait les femmes.

408. La représentante a souligné que l'introduction du deuxième rapport périodique traitait du cadre institutionnel et des progrès enregistrés sur la voie de l'égalité de droit et de fait, ainsi que des mesures prises pour éliminer la discrimination à l'encontre des femmes en République de Corée.

409. A propos de la condition de la femme dans son pays, la représentante a souligné que, du fait de l'industrialisation, les femmes participaient activement à la vie économique et que, depuis la révision en 1989 de la loi de 1987 sur l'égalité des chances dans l'emploi, les femmes ne faisaient plus l'objet de mesures discriminatoires, notamment en matière de recrutement, salaires et promotion.

410. Depuis la création de la République de Corée en 1945, les femmes jouissaient des mêmes droits politiques que les hommes. Cependant, leur participation au processus décisionnel national demeurait insuffisante. D'un autre côté, leur représentation dans la fonction publique, l'enseignement et les médias augmentait progressivement. Les femmes étaient très actives dans les organisations non gouvernementales, conformément à la liberté d'association garantie par la Constitution. Fait plus important, la révision en 1989 de la Loi sur la famille avait sensiblement contribué à conférer aux femmes un statut égal à celui des hommes, en ce qui concernait en particulier les droits en matière de propriété.

411. La représentante a indiqué que les principales dispositions de la Convention avaient été incorporées dans la Constitution et qu'elles servaient aussi de base juridique à la promotion de la femme dans le pays. Le Comité a noté que le Gouvernement maintenait cependant les réserves émises en ce qui concernait la Convention et il a exprimé l'espoir qu'un effort soutenu serait déployé dans l'avenir pour les lever.

412. Répondant aux questions soumises par le groupe de travail présession, la représentante a mis en lumière les mesures spécifiques prises pour accélérer le processus engagé pour garantir l'égalité de fait.

413. Au titre de ces mesures figuraient l'abolition du système de recrutement des fonctionnaires différencié selon le sexe; la création, dans les villes, les provinces et les districts, de divisions de la protection de la famille; l'insertion de cours sur les problèmes relatifs aux femmes dans les programmes de formation des fonctionnaires et des enseignants, de manière à sensibiliser la société à la question de l'égalité et à mettre fin aux préjugés traditionnels contre les femmes; et le décret du Premier Ministre visait à augmenter de 15 % d'ici à l'an 2000 le pourcentage des femmes dans les instances dirigeantes gouvernementales.

Questions se rapportant à des articles prévus

Articles 2 à 4

414. Répondant à l'une des questions posées dans le rapport, la représentante a déclaré que le Ministère des affaires politiques II était chargé des questions féminines, en particulier de la participation des femmes aux diverses activités sociales, économiques et politiques. Il procédait à des sondages d'opinion et formulait des recommandations concernant la condition de la femme. Il était également chargé, en liaison avec les services concernés, de la coordination et de l'exécution des programmes concernant les femmes.

415. Le Comité a félicité le Gouvernement de la République de Corée d'avoir adopté plusieurs lois répondant tout particulièrement aux intérêts des femmes, et d'en avoir révisé d'autres dans ce sens, dont la loi sur l'égalité des chances en matière d'emploi de 1987, la nouvelle loi sur la famille de 1989 et la version révisée de la loi sur l'égalité des chances dans l'emploi de 1989 devant assurer l'égalité entre les hommes et les femmes. Il a constaté qu'en vertu de la loi révisée sur les normes de travail (article 56) "aucune femme ... ne peut travailler entre 22 heures et 6 heures, ni pendant la période des vacances, sans autorisation du Ministre du travail". Conformément à l'article 57 de cette même loi, "il est interdit aux employeurs de faire effectuer des heures de travail supplémentaires à des femmes de 18 ans ou plus pendant plus de deux heures par jour, ou six heures par semaine, ou 150 heures par an, même lorsqu'une convention collective le prévoit". Des membres du Comité ont demandé dans quels cas le Ministère du travail permettait de déroger à ces dispositions. La représentante a répondu que l'article 56 (Interdiction du travail de nuit et pendant les périodes de vacances) avait été modifié en mars 1989 et stipulait maintenant : "sauf si le Ministre du travail en a décidé autrement et si l'employée y consent". Elle a expliqué que le droit des femmes qui travaillent avait été élargi puisque désormais le Ministre du travail ne pouvait donner son autorisation qu'avec l'accord préalable de l'employée.

416. En réponse à une autre question concernant la suite donnée à la recommandation du Ministère du travail, qui demandait à 20 entreprises employant plus de 1 000 travailleuses de créer des garderies sur le lieu même du travail, la représentante a dit qu'en septembre 1992 le nombre total des garderies en Corée s'élevait à 4 366, dont 27 sur le lieu de travail; et 41 étaient en cours de création. L'Etat et des organisations à but non lucratif subventionnaient la création de ces institutions. En ce qui concerne le pourcentage, par tranche d'âge, des enfants qui en bénéficiaient, il s'élevait en septembre 1992 à 20,2 % pour ce qui est des enfants de moins de trois ans (soit 24 370 enfants) et à 79,8 % en ce qui concerne les enfants entre 3 et 5 ans (soit 95 857 enfants).

Article 5

417. S'agissant des mesures prises pour abolir l'image stéréotypée que l'on donnait traditionnellement de la femme dans les médias, dans l'enseignement et dans le monde du travail, la représentante a indiqué aux membres du Comité qu'en ce qui concerne les médias le Gouvernement finançait une émission scolaire intitulée "Le monde des professions" sur la nouvelle chaîne publique consacrée à l'éducation, afin d'amener les filles à envisager leur carrière de façon rationnelle et sans préjugés.

418. Dans le domaine de l'enseignement et de l'emploi, elle a rappelé qu'il importait de mettre en oeuvre une stratégie à long terme pour éliminer la discrimination sexuelle en éduquant les enfants dès leur plus jeune âge et en modifiant ainsi les comportements traditionnels à l'égard des femmes. Le Gouvernement avait également créé des programmes spéciaux destinés aux lycéennes, afin d'encourager ces dernières à adopter une attitude positive face à leur futur métier. En 1990, il avait lancé "un programme d'orientation professionnelle type" pour les élèves du premier cycle de l'enseignement secondaire, dont la diffusion avait été assurée par les commissions de l'éducation des villes et des provinces.

419. Depuis 1990, presque toutes les écoles primaires étaient mixtes, ainsi que de nombreuses écoles du premier cycle (54,3 %) et un certain nombre d'établissements du deuxième cycle (38,7 %).

420. En ce qui concerne la nature et la portée du problème de la violence exercée contre les femmes, la représentante a dit que son gouvernement avait coparrainé le projet de résolution intitulé "La violence contre les femmes sous toutes ses formes", adopté par la Commission de la condition de la femme, à sa trente-sixième session, et entériné par le Conseil économique et social en tant que résolution 1992/18. Le Gouvernement avait ainsi adopté différentes mesures, dont des programmes destinés à sensibiliser l'opinion publique; des campagnes par l'intermédiaire des médias sur le rôle de l'éducation et de la communauté; la création de centres d'accueil pour les femmes battues; des services-conseils pour les femmes victimes de violences sexuelles sur le lieu de travail; des guides et un manuel à l'intention des conseillers, des lignes téléphoniques directement reliées aux commissariats, ainsi que la diffusion de brochures et d'autocollants.

Article 6

421. En réponse à la question sur les sanctions ou les peines d'emprisonnement dont sont passibles les personnes qui violent la loi sur la prévention de la prostitution et le décret d'application de cette loi, la représentante a déclaré que, conformément à la législation, toute personne jugée coupable de s'être livrée à la prostitution ou d'avoir incité un tiers à le faire risque une amende d'au moins 30 000 won (40 dollars des Etats-Unis) ou une peine d'emprisonnement. En outre, toute personne incitant ou contraignant un tiers à se prostituer, y compris sa propre femme dans le cas du mari, encourt une amende d'au moins 100 000 won (133 dollars des Etats-Unis) ou une peine de prison maximale d'un an.

422. En ce qui concerne le fonctionnement des centres de réadaptation destinés aux prostituées, le nombre des prostituées qui en ont bénéficié et les mesures prises pour aider ces dernières à trouver un emploi, la représentante a expliqué que la prostitution était interdite par la loi sur la prévention de la prostitution, et qu'on avait créé trois centres d'orientation professionnelle pour les femmes afin de lutter contre le phénomène de la prostitution et d'aider les prostituées à se réinsérer dans la société grâce à une formation technique et culturelle. La représentante a fourni des statistiques à ce sujet.

Article 7

423. Le Comité a observé que le deuxième rapport périodique faisait état de 60 femmes parlementaires, dont 26,7 % seulement avaient été élues dans des circonscriptions électorales, alors que les autres, soit 73,3 %, avaient obtenu leurs sièges à l'Assemblée nationale grâce au système de représentation nationale. Des précisions ont été demandées sur ce que l'on devait entendre exactement par "système de représentation nationale" et par système électoral. La représentante a dit qu'il existait deux types de circonscriptions électorales pour l'élection des membres de l'Assemblée nationale : les circonscriptions locales et les circonscriptions nationales. La répartition des sièges pour les circonscriptions nationales était fonction des résultats obtenus par les partis politiques, qui devaient remporter cinq sièges ou plus à l'élection générale dans des circonscriptions locales. Lorsque les partis obtenaient moins de cinq sièges à l'élection générale dans les circonscriptions locales ou n'en obtenaient même aucun, mais que le nombre de voix en leur faveur était supérieur à 0,3 % du total des suffrages exprimés, un siège était attribué à chacun de ces partis.

424. Le Comité a noté qu'à la dernière Assemblée nationale, sur un total de 299 députés, 6 seulement étaient des femmes et qu'aux élections du 24 mars 1992, le nombre des femmes parlementaires avait encore baissé et n'était plus que de trois. Des membres ont demandé quels étaient les obstacles qui empêchaient les femmes d'accéder à des positions élevées et quelles mesures avaient été prises pour assurer une représentation égale des hommes et des femmes. La représentante a expliqué qu'à la treizième Assemblée nationale, dont le mandat couvrait la période 1988-1991, tous les parlementaires avaient été élus dans des circonscriptions nationales. Aucune femme n'avait été élue dans les circonscriptions locales. Etant donné que la composition du Parlement dépendait des partis politiques et que trois des quatre principaux partis politiques avaient fusionné, le nombre des femmes parlementaires représentant les différents partis au niveau des circonscriptions électorales avait diminué en conséquence.

425. En ce qui concerne les affaires publiques, la représentante a dit que la participation des femmes à la vie politique et à la prise des décisions n'avait pas beaucoup progressé. Les femmes étaient faiblement représentées aux postes les plus élevés du Gouvernement. Sur le plan social et culturel, le mouvement des consommateurs avait remporté un certain succès, ainsi que certaines organisations féminines malgré des difficultés financières.

Article 8

426. Quant au pourcentage des femmes représentées dans le corps diplomatique et aux mesures adoptées pour accroître l'accès des femmes à des postes élevés dans le domaine international, la représentante a dit qu'il y avait, à la fin de 1992, 58 femmes dans le corps diplomatique, soit 4,9 % du total des diplomates. Le Gouvernement était en train de mettre sur pied un programme de formation destiné à accroître la participation des femmes à la vie internationale.

Article 9

427. A propos de la levée de la réserve relative à l'article 9, la représentante a dit que l'audition publique consacrée à cette question était maintenant achevée et que le processus de révision était en cours.

Article 10

428. En réponse à une question sur le bilan du sixième Plan quinquennal de développement économique et social (1987-1991) pour ce qui est des questions touchant aux femmes, la représentante a rappelé les principaux problèmes qui avaient été recensés par la Commission du septième Plan, tels que les inégalités dans le domaine de l'éducation et la discrimination exercée en matière de formation, selon le sexe de l'élève. Un environnement éducatif différent pour chaque sexe avait été institué du fait des préjugés et du rôle attribué traditionnellement aux garçons et aux filles. Ces différences pouvaient être observées en ce qui concerne notamment les programmes de cours, les manuels, le choix des matières, l'orientation scolaire et professionnelle, les possibilités d'étudier les sciences et les techniques, la formation dans des établissements féminins et le fait que les enseignants n'étaient pas sensibilisés aux questions concernant uniquement l'un ou l'autre sexe.

429. Etant donné que les filles ne représentaient aujourd'hui encore que 1,4 % des élèves inscrits dans des écoles techniques, les membres du Comité ont souhaité savoir s'il existait des données en ce qui concerne le nombre de filles qui fréquentaient les écoles secondaires d'enseignement professionnel, les disciplines qu'elles choisissaient généralement et les mesures prises pour inciter un plus grand nombre d'entre elles à s'orienter vers une formation technique ou vers des branches technologiques au niveau universitaire. Le Comité a également demandé combien de bourses avaient été accordées aux filles pour les encourager à faire carrière dans des secteurs non traditionnels. La représentante a répondu que les garçons choisissaient en majorité l'ingénierie, l'agriculture et les sciences, alors que les filles, au niveau de l'enseignement secondaire, s'inscrivaient la plupart du temps dans des écoles commerciales. Elle a également fourni des statistiques indiquant la proportion de garçons et de filles dans les établissements secondaires d'enseignement professionnel. Elle a ajouté que le Gouvernement avait ouvert un établissement secondaire de formation technique pour les filles afin d'encourager un plus grand nombre d'entre elles à suivre cette voie et que d'autres allaient suivre. Une université féminine était en train de créer une école d'ingénierie.

Article 11

430. Le Comité a noté que la version révisée de la loi sur l'égalité des chances en matière d'emploi énonçait le principe de l'égalité de salaire pour un travail égal quel que fût le sexe du travailleur. Des membres ont demandé si ce principe avait été appliqué et si son application avait posé quelques difficultés. La représentante a dit qu'en 1991 le Gouvernement avait donné à tous les secteurs de l'industrie des directives pour éliminer toute discrimination fondée sur le sexe en matière d'emploi afin d'assurer une application rigoureuse de la loi susmentionnée; toutefois, dans de nombreux cas, les employeurs recouraient encore à des pratiques discriminatoires. Il n'existait pas de normes précises pour établir l'existence d'une discrimination, ni de directives particulières pour déterminer l'équivalence du travail.

431. Interrogée au sujet du pourcentage de femmes divorcées et séparées dans la main-d'oeuvre active, la représentante a déclaré que, en 1988, le taux de mariages avait été de 62,7 pour 1 000 par an dans cette catégorie et le taux de divorces de 1,7 pour 1 000; toutefois, ce dernier taux était passé à 1,8 pour 1 000 en 1990 alors que le taux de mariages était resté inchangé.

432. A la question posée de savoir si des efforts avaient été déployés pour donner des emplois aux femmes qui avaient perdu le leur dans les entreprises traditionnelles à forte intensité de main-d'oeuvre lorsque ces entreprises avaient été transférées dans d'autres pays, la représentante a répondu que le Gouvernement mettait maintenant l'accent sur la formation professionnelle dans les domaines techniques parce qu'il avait reconnu que la structure de l'industrie s'était modifiée, ce qui facilitait le recyclage des ouvrières qui avaient perdu leur emploi dans les secteurs à forte intensité de main-d'oeuvre. En 1991, le Gouvernement avait ouvert une école de formation professionnelle pour les femmes, où étaient organisés des stages de bureautique, de travail des métaux, d'électronique, de conception de machines et de mode.

433. La représentante a fourni des statistiques en réponse à une question sur le taux de chômage des femmes par secteur industriel.

434. A un membre qui voulait savoir si les travailleuses étaient formées aux activités traditionnelles, la représentante a répondu que pour favoriser la promotion des femmes dans les domaines non traditionnels, le Gouvernement avait fondé un centre de formation professionnelle technique pour les femmes. Le Gouvernement et certaines organisations de femmes s'employaient à créer des créations d'emplois non traditionnels pour les femmes.

435. A la question de savoir si le Gouvernement encourageait les femmes à étudier afin d'obtenir des emplois mieux payés et mieux considérés, la représentante a mentionné le programme type d'orientation professionnelle. Le Gouvernement s'efforçait d'autre part de renforcer la formation professionnelle dans le domaine des technologies de pointe, ainsi que la formation en cours d'emploi.

436. En ce qui concerne les services sociaux, le Gouvernement organisait des programmes sociaux sélectifs pour les personnes défavorisées, fondés sur le principe que c'était à la famille qu'incombait essentiellement cette responsabilité et que le système de sécurité sociale ne pouvait que compléter l'oeuvre de la famille. Le programme de protection sociale du Gouvernement était fondé sur la sélection alors que le programme à l'intention des femmes était axé sur les enfants et les femmes défavorisées.

Article 12

437. La représentante a déclaré que la loi sur la sécurité sociale pour la mère et l'enfant avait été adoptée en avril 1989 pour aider les familles sans père et les mères célibataires. Au titre de cette loi, le Gouvernement avait construit 77 centres de santé maternelle et infantile afin d'améliorer l'état sanitaire des mères et des enfants.

438. En réponse à la question de savoir si l'interruption volontaire de grossesse était légale et, dans l'affirmative, dans quel cas, la représentante a expliqué que l'IVG était interdite au titre du Code criminel. Les contrevenants étaient passibles de 10 000 won d'amende (12 dollars EU) ou d'un an d'emprisonnement. L'IVG était cependant autorisée dans des cas exceptionnels au titre de la loi sur la santé des mères et des enfants.

439. Pour ce qui était de la politique de la Corée en matière de planification de la famille, la représentante a déclaré que son pays avait relativement bien réussi, par ce moyen, à maîtriser l'accroissement démographique, qui était tombé à 0,96 % en 1992, contre 3 % en 1960 tandis que le taux de fertilité était ramené de 6 % à 1,6 %. Les grands programmes de planification de la famille étaient assortis de programmes sociaux et le Gouvernement avait assuré des services de contraception y compris des opérations de stérilisation. Ce succès était dû en partie aux activités des clubs de femmes.

440. En réponse à la question concernant les effets du sida sur la situation des femmes et les mesures prises pour venir en aide aux femmes contaminées par le virus HIV, la représentante a déclaré qu'au titre de la loi sur la prévention du sida de décembre 1987, des contrôles médicaux réguliers étaient offerts aux groupes vulnérables de la population, tous les dons de sang étaient contrôlés et des services d'éducation et de conseil étaient fournis aux personnes contaminées. Au 31 décembre 1992, il y avait en Corée 245 séropositifs, parmi lesquels 27 femmes, dont 11 prostituées, mais aucun cas nouveau n'avait été signalé depuis 1989. Sur les 10 cas de sida signalés, 8 avaient été mortels.

Article 13

441. Les membres ont noté que le Gouvernement coréen accordait une place particulière à la protection des familles sans père et ont demandé quelle était l'étendue de ce phénomène, comment s'expliquait l'existence de ces familles monoparentales et pourquoi le Gouvernement avait adopté une loi sur la protection sociale de la mère et de l'enfant. La représentante a expliqué que la principale cause des familles monoparentales était le décès de l'époux (75 %), le divorce (12 %), l'abandon de l'époux (3 %), des incertitudes concernant l'adresse de l'époux (3 %) et le non-mariage des mères (3 %). Les problèmes des familles sans père étaient essentiellement la pauvreté, le manque d'instruction des enfants et l'insécurité affective. Au titre de la loi sur la protection sociale de l'enfant et de la mère, les familles à faible revenu ayant des enfants de 18 ans ou moins étaient habilitées à recevoir une aide. La représentante a déclaré que ces familles recevaient une allocation couvrant l'entretien et les études des enfants (école primaire et secondaire et formation professionnelle). Depuis 1992, ces familles avaient priorité pour l'obtention d'appartements à bail d'une durée illimitée.

Article 15

442. A la question de savoir si une femme pouvait obtenir un prêt bancaire ou conclure des contrats sans le consentement de son mari, la représentante a répondu que quiconque avait un revenu ou possédait des biens était qualifié pour obtenir un prêt bancaire. Le consentement de l'époux n'était pas nécessaire pour conclure un contrat.

443. En ce qui concerne le changement éventuel de la loi sur l'héritage, qui permettrait aux agricultrices d'hériter des terres de leurs maris décédés et de ne pas être lésées du fait de leur sexe, la représentante a dit que la loi sur la famille accordait les mêmes droits aux femmes dans la famille, notamment en ce qui concerne la propriété. La femme et le mari avaient des droits égaux en ce qui concerne les biens acquis après le mariage et pouvaient demander une division à parts égales de ces biens. Parallèlement à la révision de la loi sur la famille, le Gouvernement avait, en 1990, révisé la loi sur l'héritage et augmenté les dégrèvements fiscaux accordés à l'épouse qui héritait de son mari, en reconnaissance du fait qu'une épouse non salariée, et en particulier une femme au foyer, avait également des droits sur la propriété. Par conséquent, les agricultrices pouvaient hériter des terres de leur mari.

Article 16

444. En ce qui concerne la réserve de l'Etat partie à l'alinéa g) du paragraphe 1 de l'article 16, la représentante a déclaré que la coutume consistant à utiliser comme nom de famille le nom du père était rarement remise en question; lorsqu'on réviserait la loi sur l'enregistrement des familles, cette coutume pourrait changer.

445. A la question de l'égalité des droits du mari et de la femme en ce qui concerne la propriété, sur la base de leur contribution à la constitution des avoirs, même dans le cas où la femme n'a jamais travaillé hors du foyer, la représentante a répondu que, en application de la loi révisée sur la famille, le Gouvernement avait modifié la réglementation concernant l'enregistrement de la famille, les impôts et les litiges domestiques afin de remodeler les relations entre les divers membres de la famille.

446. Le projet de loi portant révision de la loi sur la famille prévoit que la question de la garde des enfants après divorce relève du tribunal. A la question demandant si cette mesure n'était pas discriminatoire à l'égard de la mère, la représentante a répondu que la garde des enfants après divorce était déterminée soit par accord mutuel soit par décision du tribunal conforme au Code familial actuel. Cela signifiait que, si la femme ne pouvait pas obtenir satisfaction par accord mutuel, elle pouvait toujours porter la question devant un tribunal.

447. Interrogée au sujet des critères retenus ou de la jurisprudence que suivaient les tribunaux pour statuer sur la garde des enfants, la représentante a répondu que, en vertu de l'article 837 (divorce et responsabilité de l'entretien et de l'éducation des enfants) et en l'absence d'un accord sur les questions concernant l'éducation et l'entretien, le Tribunal de la famille pouvait trancher en tenant compte de l'âge des enfants, de la situation de fortune du père et de la mère et de toute autre circonstance. Le tribunal pouvait, à tout moment, modifier sa décision ou prendre toute autre disposition adéquate.

Conclusions

448. Les membres du Comité ont remercié les représentants de leurs réponses détaillées aux questions posées par écrit. Des éclaircissements complémentaires ont été demandés pour un certain nombre de points, notamment la participation des femmes à la vie politique, les mesures envisagées pour encourager les femmes à jouer un rôle plus actif dans le secteur économique ainsi que les dispositions concernant les droits familiaux, l'enseignement et la santé. Pour d'autres membres, le deuxième rapport périodique ne contenait pas suffisamment de statistiques et d'informations sur la législation du travail, compte tenu en particulier du taux de croissance économique élevé du pays, ainsi que sur la coordination des divers organes qui s'occupent des questions des femmes et enfin sur la pratique de la stérilisation, qui paraissait être assez répandue. Le Comité s'est également déclaré préoccupé par les réserves à la Convention faites par le Gouvernement coréen et a exprimé l'espoir que celui-ci envisagerait de retirer ses réserves.

449. Après avoir remercié la représentante de ses réponses détaillées, la Présidente a dit que tous les obstacles à l'égalité des deux sexes n'avaient pas été éliminés en République de Corée, la législation sur la famille, les traditions et le monde du travail, notamment, n'étant pas exemptes de discrimination. Elle a exprimé l'espoir que le troisième rapport périodique serait plus satisfaisant et contiendrait toutes les informations et les données statistiques demandées par le Comité.

450. Dans sa réponse finale, la représentante de la République de Corée a déclaré que son gouvernement s'efforcerait de retirer ses réserves. A propos, de la participation des femmes à la prise de décisions, elle a assuré les membres du Comité que son pays ferait le maximum pour améliorer la situation des femmes. Elle a fourni par ailleurs des détails sur d'autres questions comme le congé de maternité, le fonctionnement du mécanisme national et la législation familiale.



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