La Situation Actuelle des Organisations des Droits de l'Homme en Afrique Sub-Saharienne

Zaire


ZAIRE

CONTEXTE HISTORIQUE

Le Zaïre est un pays vaste et extrˆmement divers d'environ 35 millions d'habitants ayant une frontière commune avec huit pays en Afrique Centrale. Pendant les trente dernières années, il a été dominé par Mobutu Sese Seko, qui a saisi le pouvoir définitivement en 1965 et qui a établi un régime autoritaire à parti unique. Le 24 avril 1990, après une phase de pression croissante interne et externe pour le changement, le Président Mobutu a annoncé une transition vers une démocratie multi-parti et le respect pour les droits de l'homme. Cependant, depuis ce moment-là, le pays vit une détérioration économique accélérée et des abus grossiers des droits de l'homme, tandis que Mobutu bloque chaque initiative significative pour la transition et refuse de céder le pouvoir.

Malgré le chaos économique et politique, on assiste à une renaissance dynamique dans certains secteurs de la société civile, libérée tout récemment du régime étouffant d'un parti unique. Les organisations non-gouvernementales ayant le but d'instruire la population sur leurs droits, d'établir les moyens de protéger ces droits, et d'en contrôler les abus, ont joué un rôle essentiel dans ce mouvement.

Actuellement, il y a des organisations non-gouvernementales des droits de l'homme opérant à divers niveaux à travers Zaïre. Les organisations les mieux connues sont basées à Kinshasa. Il y a, cependant, une pléthore d'initiatives partout dans le pays. Certaines sont des associations professionnelles de spécialistes de développement et d'avocats. D'autres sont des opérations locales qui sont bien organisées et qui se valent des structures existantes des églises ou des organisations non-gouvernementales de développement.

Les organisations non-gouvernementales des droits de l'homme qui se penchaient d'abord sur le contrôle et la dénonciation des abus, intervenant là où elles pouvaient, et apportant de l'aide aux victimes des abus, s'engagent maintenant de plus en plus dans l'éducation et la sensibilisation des droits de l'homme, de la démocratie et des élections. Les élections, en particulier, sont un point chaud. A l'heure actuelle, les groupes des droits de l'homme, les groupes d'église, les organisations non-gouvernementales de développement prévoient tous des initiatives importantes afin de préparer le terrain pour les élections, aussitôt qu'elles auront lieu dans la réalité.

LE MOUVEMENT DES ORGANISATIONS NON-GOUVERNEMENTALES AU ZAIRE

Les organisations non-gouvernementales des droits de l'homme sont de plus en plus intégrées dans le mouvement dynamique qui regroupe tous ces groupes et qui a commencé à se former à la fin des années 80 et s'est développé rapidement après l'ouverture de la Conférence National en août 1991. La Conférence National a été composé de trois groupements majeurs--les institutions publiques, les partis politiques et la "Société Civile," qui a été composée des organisations non-gouvernementales, des groupes d'église et des sociétés professionnelles. La structure officielle pour ce mouvement est le Conseil National des ONG de Développement du Zaïre (CNONGD) et les Conseils Régionaux (ou CRONGDS) qui sont, en principe, situés à travers le pays, mais qui, en fait, vont de ceux qui fonctionnent pleinement à ceux qui existent à peine, selon les régions. En plus de la structure CRONGD, certaines régions ont une "Société Civile" constituée indépendamment, y compris le CRONGD, les églises et les sociétés professionnelles. Parmi les membres du CRONGD il y a aussi des sous-groupements, tels que la Fédération des ONG Laïques à Vocation Economique du Zaïre (FOLEZA).

Les ONG de développement--CNONGD, CRONGDS, la Société Civile, FOLEZA, et leurs membres-- collaborent fréquemment dans des projets liés aux droits de l'homme et à la démocratie.

LES ORGANISATIONS DES DROITS DE L'HOMME

Bien qu'il s'achemine rapidement vers une place importante au Zaïre, le mouvement des droits de l'homme fait face à un nombre de problèmes graves. Ces problèmes sont liés à la coordination, le financement et la formation. Un problème qui afflige les groupes zaïrois à un moindre degré que dans beaucoup d'autres pays c'est la politicisation. Les groupes des droits de l'homme soutiennent le processus de démocratisation incarné dans la Conférence National. Cependant, à quelques exceptions près, elles ne sont pas directement liées à aucun parti politique.

La coordination est un problème à trois niveaux: la coordination parmi les groupes dans une région, la coordination entre les régions, et la coordination avec des organisations internationales. A Kinshasa, par exemple, les efforts de coordonner les activités des organisations non-gouvernementales des droits de l'homme ont chancelé de plus en plus à cause de la compétition. La méfiance des groupes les uns envers les autres s'est intensifiée à mesure que chacun d'entre eux a pris de l'importance, avec une expérience toujours plus riche, et, surtout à cause de l'aide extérieure qu'ils re‡oivent. Toutefois, les efforts pour surmonter ce problème se poursuivent, et les groupes restent ouverts aux conseils et à l'aide.

Entre les régions, le problème relève de la structure et des communications. Les communications sont extrêmement mauvaises--mais possibles grâce à la collaboration de l'église ou des organisations non-gouvernementales--et elles restent ad hoc. Les groupes régionaux sont largement ignorants du talent et de l'expérience qui existent déjà dans d'autres régions du pays, comme les groupes de Kinshasa sont ignorants de ce qui se passe à l'intérieur du pays. Une meilleure coordination et de meilleures communications pourraient augmenter l'efficacité de l'ensemble des groupes. Dans le cadre des élections éventuelles, une telle coordination serait absolument indispensable.

Avec la communauté internationale des droits de l'homme, il y a actuellement une certaine coordination et un échange d'expertise avec des groupes à Kinshasa. Cependant, il n'y a pas de groupes internationaux des droits de l'homme présents dans le pays et peu de contact, ou pas du tout, avec des groupes à l'intérieur.

Pour le financement, un nombre de groupes de Kinshasa ont bénéficié d'un soutien externe pendant les trois dernières années. Les groupes à Kivu, dans l'est du pays, commencent aussi à recevoir un soutien de l'extérieur. Cependant, à cause de l'absence d'une approche coordonnée, c'est "chacun pour soi", où chaque groupe cherche à financer des programmes qui font souvent double emploi. En plus, il y a un déséquilibre croissant quant à ceux qui obtiennent le financement, ce qui aiguise les rivalités et provoque des accusations contre les groupes financés qui ne seraient rien d'autre que des éponges pour l'argent étranger.

Tous les groupes des droits de l'homme au Zaïre sont jeunes, mais dans beaucoup d'aspects ils sont assez évolués. Ils ont répondu avec habileté à une situation qui est extrêmement complexe et éprouvante. Pourtant les groupes à travers le pays entier ont réitéré qu'il faut de l'information et de la formation dans plusieurs domaines, variant de la gestion et le finance aux mécanismes et au droit international pour la protection des droits de l'homme. Ce rapport décrit les groupes des droits de l'homme dans l'agglomération de Kinshasa et dans quatre régions. Les groupes de Kinshasa s'efforcent d'agir à l'échelle nationale, mais ils restent largement limités à la région urbaine et aux problèmes politiques qui surviennent dans la capitale. Les groupes régionaux--dans le Kivu du sud, le Kivu du nord, le Haut Zaïre et le Shaba--sont abordés dans les sections qui suivent.

Les Groupes de la Région de Kinshasa

A Kinshasa, quatre groupes des droits de l'homme sont devenus proéminents entre 1990 et 1993: la Ligue des Droits de l'Homme-Zaïre (LIZADHO), l'Association Zaïroise de Défense des Droits de l'Homme (AZADHO), la Voix des Sans Voix (VSV) et Amos. Les trois premiers sont surtout des organisations qui suivent de près l'évolution des droits de l'homme et en dénoncent les abus, tandis que le quatrième est une association libre d'hommes d'église et de laïcs qui sont actifs dans la formation et la sensibilisation des droits de l'homme.

Amos

Amos est une organisation inhabituelle qui a commencé comme un groupe de discussion parmi des groupes principalement catholiques et des laïcs intéressés aux droits de l'homme et la démocratie. Le Coordinateur ("animateur") du groupe est José Mpundu, un prêtre de paroisse à Kinshasa qui a publié un nombre de brochures sur la démocratie et les droits de l'homme et leurs liens avec les valeurs chrétiennes. Dans un pays où l'église catholique est la seule structure à l'échelle nationale en dehors de l'état, l'importance d'Amos et le travail de José Mpundu ne devrait pas être sous-estimés. Ils ont une force morale et une capacité de mobilisation qui dépassent leur taille et structure simple.

Association Zaïroise de Défense des Droits de l'Homme (AZADHO)

AZADHO est une organisation de plus en plus solide qui a été extrêmement efficace pendant l'année dernière. En plus AZADHO a le mérite d'avoir répondu aux demandes d'information et d'aide des groupes dans le Nord. AZADHO vient tout juste de produire un nombre de livrets qui servent à informer les citoyens sur les élections et sur leurs droits (Pour une Bonne Observation des élections au Zaïre, Vos Droits face à l'Administration). L'Association publie un compte rendu périodique des droits de l'homme et des rapports sur des problèmes divers. Son fondateur et Président, Ngefa Atondoko, est un jeune diplômé en droit qui a re‡u récemment une bourse pour poursuivre des études avancées sur les droits de l'homme à l'Université Columbia à New-York. Le Vice-Président, Kambale Kalume, a assisté aux réunions tenues au siège des Nations Unies sur les droits de l'homme, sous les auspices du Service International des Droits de l'Homme. Il y a environ cinq autres personnes qui travaillent presqu'à temps plein avec AZADHO. Leurs bureaux, qui ont été établis l'année dernière, sont maintenant relativement bien équipés.

Droits de l'Homme, Maintenant

En 1992, les quatre premières organisations avec le Comité pour la démocratie et les Droits de l'Homme (dirigées par un conseiller proche du chef de l'opposition Etienne Tshisekedi) ont formé les Droits de l'Homme, Maintenant, un forum pour les activités de coordination. Les Droits de l'Homme, Maintenant ont réussi à résoudre un conflit entre la Ligue des Droits de l'Homme-Zaïre (LIZADHO) et AZADHO à une de ses réunions initiales. Les groupes sont parvenus alors à tenir le forum pendant l'année prochaine malgré les tensions qui explosaient chaque fois qu'ils essayaient de réaliser un projet conjoint. A la fin de 1993, les Droits de l'Homme, Maintenant était au bord de l'échec par suite d'une série de conflits sur les propositions de subvention et une déclaration controversée critiquant, non seulement le Président Mobutu et Monseigneur Monsengwo (le Président de la Conférence National et de la Haute Commission de la République), mais aussi le dirigeant de l'opposition, Etienne Tshisekedi. Malgré un certain pessimisme quant à l'avenir de la coalition, cependant, les groupes des droits de l'homme continuent à reconnaître l'importance d'avoir un forum, pour la coordination interne et pour la collaboration avec des groupes externes.

Ligue des Droits de l'Homme-Zaïre (LIZADHO)

LIZADHO est la mieux établie des organisations et celle qui a les relations professionnelles les plus développées. La Ligue publie des rapports fréquents, plusieurs desquels sont d'une très bonne qualité. La Ligue a aussi entrepris des projets efficaces au sein d'organismes internationaux, notamment les Nations Unies. Son fondateur et dirigeant, Buana Kabue, est un ancien journaliste avec une grande expérience en Europe et dans d'autres pays d'Afrique. Elle est secondée par environ dix effectifs à temps plein, dont certains ont travaillé avec la Ligue depuis plusieurs années. Il est intéressant de noter que la Ligue est le seul des groupes majeurs basés à Kinshasa qui ait un nombre de femmes travaillant dans des positions importantes. Il y a aussi un nombre important de bénévoles qui collaborent de temps à autre. Les bureaux de la Ligue sont spacieux et bien équipés.

Une des priorités de LIZADHO pour l'année prochaine est de faire construire le centre de documentation qu'elle a déjà commencé dans une partie du bureau. En outre, la Ligue cherche très activement de l'aide pour former et mettre en place des observateurs pour les élections. A petite échelle, on a déjà inauguré quelques cours de formation. Il y a aussi un projet pour former des parajuristes. La Ligue travaille très étroitement avec les organisations non-gouvernementales reliées avec FOLEZA.

Voix des Sans Voix pour les Droits de l'Homme (VSV)

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l'Homme (VSV) est le seul groupe majeur qui a existé avant 1990. Ce groupe a opéré clandestinement pendant plusieurs années auparavant, produisant des rapports bien documentés sur les événements dans la région de Kinshasa. Son investigation et ses rapports sur les abus des droits de l'homme sont toujours d'une très haute qualité. En outre, le groupe a collaboré et même aidé à financer d'autres initiatives pour les droits de l'homme à Kinshasa, y compris l'Association des Cadres Pénitentiaires et les Toges Noires, un petit groupe de magistrats et d'avocats engagés dans les droits de l'homme. La VSV parraine aussi une troupe de théâtre, un bulletin, L'Eveil du Patriote, (avec le CNOGND) qui vise l'éducation populaire dans les droits de l'homme, et un programme d'assistance aux victimes de torture. Le Président et le Vice-Président de VSV, Floribert Chebeya et Bruno Lokuta, étaient engagés dans l'organisation depuis le début. On a augmenté le nombre des effectifs au cours des années.

Depuis la fondation des Droits de l'Homme, Maintenant en 1992, plusieurs autres groupes ont surgi dans la région de Kinshasa et se sont engagés dans des activités en faveur des droits de l'homme. En voici quelques-uns:

Association pour la Promotion d'un Audiovisuel Responsable et Démocratique (APARD)

APARD est un groupe qui prône les droits de la presse et des médias qui a été créé par des journalistes, dont la plupart ont fini par être congédiés de leurs postes à la Voix de Zaïre. Parmi les membres sont les meilleurs jeunes journalistes des médias du pays. L'Association n'a ni bureau ni personnel à plein-temps. Ses activités sont donc limitées à des communiqués de presse et d'autres déclarations publiques.

Association des Cadres Pénitentiaires

L'Association des Cadres Pénitentiaires a été créée en 1990 par des diplômés du programme de formation pénitentiaire de l'Ecole de Formation du Personnel Judiciaire. Sans soutien financier, ils ont préparé deux rapports de haute qualité sur les conditions dans les prisons qu'ils ont présentés à la Conférence National. Le Président, Laurent Kantu Lumpungu Wa Mwamba, a collaboré étroitement avec Human Rights Watch au cours de son étude des conditions de détention en 1993. L'Association n'a pas de bureau.

Ligue Zaïroise des Electeurs

La Ligue a été créée en 1990, et ses membres ont participé comme observateurs aux élections au Congo. Cependant, la Ligue est restée relativement inactive pendant les deux années qui ont suivi. Plus récemment, elle a établi un petit bureau (dans l'espace appartenant à l'Organisation des Femmes Chrétiennes pour la Démocratie et le Développement) et s'est engagée dans la formation et l'éducation, se concentrant sur les cadres et les membres d'autres organisations non-gouvernementales, y compris une séance spéciale de formation pour les femmes.

Organisation des Femmes Chrétiennes Démocrates pour le Développement (FCDD)

L'Organisation des Femmes Chrétiennes Démocrates pour le Développement (FCDD) a été créée en 1991 pour travailler pour l'intégration efficace des femmes dans le processus du changement démocratique. L'organisation fonctionne d'un bureau à côté de celui de sa Présidente, Mme. Anne Mujinga Kalonji, une chimiste qui est propriétaire d'une entreprise pharmaceutique. Une bénévole qui travaille le matin assure le service du bureau. Il n'y a aucun personnel à temps plein, mais il y a entre six et sept membres actifs, dont tous sont des cadres. La FCDD a été active pendant la Conférence National. Depuis ce moment, l'organisation a tenu de nombreux séminaires indépendamment ou en collaboration avec d'autres organisations non-gouvernementales des droits de l'homme ou du développement. Leurs activités principales ont été dans le domaine de l'éducation populaire, mais les membres voudraient s'engager dans les services juridiques.

Service Chrétien des Droits de la Femme

Le Service Chrétien des Droits de la Femme est hébergé par AZADHO. Jusqu'à présent, le Service a été en grande mesure l'oeuvre d'une seule femme, Marie-Christine Sedua. Le Service a émis un rapport sur la violence sexuelle pendant le pillage militaire de janvier 1993. Le Service s'intéresse à la dénonciation de la violence contre des femmes et envisage de réaliser des programmes d'instruction populaire et de consultation juridique à l'intention des femmes.

Toges Noires

Les Toges Noires sont un groupe qui est petit mais très actif et qui a été aidé par la Voix des Sans Voix. Ses membres se sont valus de leur positions d'avocats et de magistrats pour enquêter sur les conditions dans les centres de détention et pour attirer l'attention du public sur des causes importantes devant les tribunaux. Le groupe fonctionne du bureau de Maître Muile Kayembe, leur Président, mais ils espèrent établir un bureau séparé dans l'avenir. Plusieurs de ses membres actifs, y compris Roger Cimanga en particulier, viennent du parquet de la cour d'assises dans le district Ndjili à Kinshasa.

Les Groupes dans d'autres régions--le sud du Kivu, le nord du Kivu, le Haut Zaïre, le Shaba

Chaque région de Zaïre présente ses propres particularités en ce qui concerne le travail et la composition des groupes des droits de l'homme. Par exemple, les régions de Kivu dans l'est du pays ont des liens plus étroits, à beaucoup d'égards, avec le Rwanda et le Burundi qu'avec Kinshasa. Le mouvement ONG zaïrois est né dans le sud du Kivu où l'on bénéficie aujourd'hui de la "société civile" la plus développée et organisée dans le pays. En partie, à cause de cela, la région a pu résister à la désintégration avec plus de succès que le reste du pays. Par exemple, dans la ville principale, Bukavu, on n'a pas eu de "pillage".

Dans le sud du Kivu, les groupes des droits de l'homme sont une partie active du mouvement de la société civile qui a un penchant marqué pour la démocratie et les droits de l'homme. En fait, un des premiers groupes des droits de l'homme dans le pays, les Droits pour Tous, con‡u principalement pour la formation de parajuristes et la prestation de consultations juridiques, y a été fondé en 1986. Depuis mars 1993, quand le Président Mobutu a nommé un Premier Ministre, Faustin Birindwa, du sud du Kivu, il y a un effort concerté de casser l'unité de la société civile et de l'opposition. Même si cet effort a perturbé certaines activités, il avait déjà échoué quand Birindwa a introduit la réforme désastreuse de la monnaie à partir de décembre 1993.

Le nord du Kivu, par contre, a été le lieu de la violence la plus destructive dans le pays. Plus de 7.000 personnes ont été tuées au printemps de 1993 dans ce qu'on appelle localement une guerre entre "Banyarwanda"--Hutus et Tutsis, dont beaucoup qui ont immigré de ce qui est maintenant le Rwanda au cours du siècle dernier--et des membres d'autres ethnies dans la région (Nande, Nyanga, Hunde et d'autres). La communauté des droits de l'homme, tout comme la plus grande communauté ONG, qui est forte mais relativement moins développée qu'au sud du Kivu, est divisée par des soup‡ons et des conflits enracinés dans l'ethnicité et la perception des loyautés.

La région du Haut Zaïre présente une image entièrement différente. Il y a un mouvement vibrant des droits de l'homme dans la région, mais il est d'un caractère complètement différent que les divers groupes relativement cosmopolites qu'on trouve dans les Kivus. La région de Haut Zaïre est séparée de l'est et de l'ouest. Les chalands fluviaux qui ont été indispensables pour les voyages, le transport et les communications entre Kisangani et l'ouest du Zaïre, y compris Kinshasa, ne fonctionnent plus depuis plus d'un an. Une route entre Kisangani et Goma est presque impraticable.

Depuis 1990, on a découvert des diamants dans le nord de la région de Kisangani. Il n'y a pas de production organisée, mais la "fièvre minière" s'est emparée de la région. Les écoles rurales ont été abandonnées et les enfants des pauvres des villes ont rejoint les masses d'ouvriers prospectant dans les champs. Mais, à l'exception d'une cinquantaine de comptoirs de diamants au Kisangani, (dont la plupart sont contrôlés par des Libanais), il n'y a pas de signes de richesse qui bénéficient la région. (Cependant les exportations de diamants de la République de l'Afrique Centrale, paraît-il, se sont multipliées).

Il n'y a que peu de société civile organisée en Haut Zaïre, mais l'église catholique et, en particulier, plusieurs paroisses, se sont profondément engagées dans des activités pour la démocratie et les droits de l'homme. Essentiellement tous les groupes actifs des droits de l'homme sont liés d'une fa‡on ou une autre à l'église. Tandis que cela comporte des inconvénients, ces liens semblent donner aux groupes des droits de l'homme une certaine cohésion, une structure et une orientation solide qui manquent souvent dans d'autres régions.

La région de Shaba est la région la plus urbanisée du Zaïre, qui s'est développée avec les industries minières du cuivre et du cobalt dont la production représentait à un moment donné soixante-dix pour cent des exportations du pays. Ses voies de communications avec le monde extérieur passent par la Zambie et, de plus en plus, par l'Afrique du Sud. C'est une région riche et contestée qui était indépendante et dont l'histoire a été marquée par des efforts violents de sécession. C'est actuellement le lieu d'une campagne incessante et impitoyable pour débarrasser la région des "Kasaines"--les habitants dont les ancêtres immédiats ou lointains sont venus de la région voisine de Kasai. Bien qu'il y ait certainement eu de la manipulation de l'extérieur, la campagne de la haine a aussi une qualité nettement locale avec des relents populistes. Ses auteurs sont surtout d'origine locale, y compris, en particulier, le Gouverneur Kyungu wa Kumwanza, qui a bâti une base de pouvoir et d'autorité et qui est donc beaucoup plus qu'un porte-parole pour Président Mobutu ou pour Premier Ministre de Shaba, Nguz Karl-i-Bond.

Le mouvement des droits de l'homme à Shaba est composé surtout d'avocats et d'autres professionnels qui ont bénéficié des écoles excellentes et des occasions pour faire carrière qui sont le résultat de l'industrie minière. Le mouvement, paraît-il, n'a pas de liens étroits avec l'ensemble du mouvement de la société civile qui, de toute fa‡on, n'est pas très développé. Vu les problèmes particuliers de Shaba, il est important de noter que le mouvement est multi-régional et multi-ethnique, composé de gens qui sont originaires de toutes les régions du pays.

Le Sud du Kivu

Le Sud du Kivu a une société civile très développée, avec un grand nombre d'organisations non-gouvernementales de développement bien financées dans la ville principale de Bukavu, ainsi que un "soutien pour le développement" venant d'organisations telles que Innovations et Réseaux pour le Développement (IRED) et le Programme Régional de Formation et d'Echange pour le Développement (PREFED). L'organe principal de coordination pour les activités non-gouvernementales est actuellement la "Société Civile", qui est structurée comme une association sans but lucratif (ASBL). Le CRONGD--le premier de son genre au Zaïre--a eu des problèmes organisationnels pendant l'année dernière qui ont gêné son fonctionnement. Toutefois, il est important de noter que CRONGD-Sud-Kivu a des atouts considérables, y compris la seule station indépendante de radio connue qui fonctionne dans le pays.

Relativement il y a un grand nombre de groupes des droits de l'homme qui sont actifs, bien structurés et intégrés dans la communauté ONG. Parmi les groupes on compte des organisations locales et professionnelles. Leur travail est dirigé presque exclusivement vers leur propre communauté. L'observation des événements n'a que peu d'importance et l'on met l'accent davantage sur l'éducation et l'assistance directe. Les églises tant catholiques que protestantes sont partie prenante dans les activités pour les droits de l'homme et la démocratie. Les groupes des droits de l'homme à orientation juridique--la Commission Justice et Paix, les Héritiers de la Justice et le Bureau d'Assistance Juridique (BAJ)--coordonnent leurs activités par "HAKI ACO." La sigle ACO représente Action Croisée pour les Opprimés en fran‡ais, mais les mots "Haki Aco" veulent dire "Vos Droits" en swahili.

Association pour la Promotion des Droits de l'Homme (APDH)

L'Association pour la Promotion des Droits de l'Homme (APDH) a été formée en juillet 1991. Elle a environ cinquante membres, huit directeurs et trois comités permanents, et fonctionne du bureau de la Société Civile ou de celui de l'un de leurs membres, Maître Kajongu. L'Association n'a pas son propre bureau. L'Association a re‡u de l'assistance de groupes locaux, y compris IRED, la Société Anti-Bwaki (une grande ONG locale) et la Société Civile du sud du Kivu. L'un de ses projets récents a été un congrès tenu le 11 décembre 1993 à Bukavu avec la présence des autorités locales, militaires, judiciaires et civiles pour fêter l'anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et pour discuter des problèmes liés aux droits de l'homme au Zaïre. En plus du congrès, l'Association s'est engagée dans l'éducation sur les droits de l'homme et le suivi de dossiers.

Bureau d'Assistance Juridique (BAJ)

Le BAJ est principalement un organe pour former les parajuristes.

Union de Jeunes Démocrates pour la Reconstruction (BBC-Carrefour)

Le BBC-Carrefour est un groupe engagé dans la diffusion d'information et la promotion de la prise de conscience politique. Il a commencé comme un simple rassemblement de gens à un carrefour du centre de Bukavu, le Rond-Point Martyre de la Rébellion. Chaque soir environ 300 gens se réunissait pour échanger des informations qu'ils avaient apprises surtout en écoutant des émissions de radio étrangères. En février 1993, ils ont commencé à afficher des journaux au carrefour.

Le BBC a fonctionné de fa‡on toute simple sans interférence jusqu'à ce que Faustin Birindwa ait été nommé le Premier Ministre en mars 1993. Les autorités politiques ont exhorté le BBC à cesser ses activités, et par la suite les maisons des participants ont été attaquées. Enfin, le 19 juillet 1993, les panneaux du groupe ont été arrachés des murs et des soldats ont occupé le carrefour. On a convoqué les dirigeants du mouvement au bureau du procureur. On les a relâchés sans accusation, mais avec l'avertissement de ne pas retourner au carrefour.

A ce point, avec l'assistance de IRED et Maître Kajongo (APDH), le BBC a organisé et créé une structure formelle. Depuis lors ils ont agi ouvertement, principalement en diffusant les actualités et d'autres informations à travers la ville. Ils ont joué un rôle important en préparant une grève générale le 19 janvier 1994 pour protester contre l'effort du Président Mobutu de prendre en main les négociations pour mettre fin à l'impasse politique à Kinshasa.

Le BBC-Carrefour ne re‡oit aucune subvention, hormis les contributions des sympathisants et du soutien logistique des groupes tels que IRED. Les membres tiennent à étendre leur organisation aux régions rurales, et à développer des contacts internationaux pour diffuser l'information.

Commission Justice et Paix-Sud-Kivu

La Commission Justice et Paix-Sud-Kivu est l'une des plus anciennes organisations des droits de l'homme et la plus active du pays. Déjà en 1989, la Commission avait engagé un avocat à temps plein pour travailler dans les prisons. Maintenant, la Commission est engagée dans l'éducation et l'assistance dans toutes les vingt-sept paroisses du diocèse.

Le Maître Bagaya travaille en conjonction avec les Commissions Justice et Paix de chaque paroisse. Une grande partie du travail dans l'intérieur consiste à instruire et à organiser la population pour protéger leurs droits de propriétés. Les dirigeants traditionnels, soutenus par les pouvoirs administratifs, ont tenté de revendiquer des droits sur tous les terrains. La Commission a essayé de rendre les agriculteurs conscients de leurs droits et d'organiser des comités simples pour le rapprochement et la médiation par l'intermédiaire des églises. A part les problèmes liés à la propriété, les agriculteurs sont menacés de détentions arbitraires et d'impôts et d'amendes illégales.

La Commission a aussi mis en place un système pour contrôler les détentions dans les commissariats de police. En utilisant leurs véhicules, la Commission accompagne un procureur deux fois par semaine pour visiter les sept centres de détention à Bukavu et une fois par mois une ou deux des régions rurales. Chaque jeudi des membres visitent la prison centrale. En outre, le diocèse a assumé la responsabilité d'apporter de la nourriture à la prison quatre fois par semaine.

La Commission publie un bulletin d'information, The Flash, en fran‡ais, swahili et mashi (une langue locale majeure), et elle forme des parajuristes.

Héritiers de la Justice

Les Héritiers de la Justice étaient fondés en 1991 par Maître Emmanuel Lubala. Le Maître Lubala était l'un des avocats fondateurs des Droits pour Tous, une initiative pour les droits de l'homme de 1980 dans le sud du Kivu. Il en est toujours le Président et l'un des Coordinateurs (Animateurs) pour les Héritiers, responsable des "droits des victimes." Il y a six directeurs, dont deux viennent des églises protestantes. Le personnel est composé d'un Secrétaire Exécutif, deux Animateurs et un secrétaire/comptable. Le Secrétaire Exécutif, Belemba Zahinda, comme une Animateur chargé de l'éducation, travaillent à temps plein.

Les Héritiers sont engagés dans la médiation, l'éducation et la formation des fonctionnaires locaux et "parajuristes" (bien que l'organisation évite le terme "parajuriste", et préfère employer le terme "agent social").

Le Maître Lubala est bien connu et actif au Kivu et au Burundi. En plus de son travail avec les Héritiers et le LDGL (dont il est Conseiller pour les affaires juridiques), il entretient une pratique privée. Les Héritiers tendent à travailler étroitement avec les églises protestantes à et autour Bukavu et s'en servent comme base pour travailler dans la communauté.

D'autres groupes d'importance aux activités des droits de l'homme:

Innovations et Réseaux pour le Développement (IRED) et Programme Régional de Formation et d'Echanges pour le Développement (PREFED)

Ces deux organisations fournissent la formation et le soutien pour les initiatives des ONG. Elles sont extrêmement importantes, particulièrement pour de nouvelles initiatives qui n'ont pas d'accès au financement.

Solidarité Paysanne

La Solidarité Paysanne était l'une des premières organisations non-gouvernementales de développement dans le sud du Kivu, et était le point de départ pour plusieurs dirigeants du mouvement des non-gouvernementales. Avec la Conférence National, plusieurs dirigeants courants et passés se sont engagés dans la politique comme représentants de la "société civile." Bien que certains croient que ses activités exclusives de développement en ont souffert, le mouvement continue à jouer un rôle important dans l'éducation et l'organisation en général.

Le Nord du Kivu

La situation dans le nord du Kivu ressemble à celle du sud du Kivu, mais avec moins de développement. Il y a une société civile relativement bien développée qui a été déchirée récemment par la violence d'origine ethnique. L'église catholique est per‡ue comme pro-Banyarwanda (Hutu et Tutsi qui sont résidents ou citoyens du Zaïre). Une majorité des organisations non-gouvernementales de développement ont leur base dans les communautés non-Banyarwanda. Certaines organisations internationales avaient déjà une petite présence à Goma, y compris Oxfam-UK, les Médecins sans Frontières (MSF) (Pays-Bas) et, plus récemment, le Comité International de la Croix Rouge (ICRC). Bien que chaque tentative de rapprochement fasse l'objet d'une méfiance intense, on a réussi à convaincre certains gens déplacés de rentrer paisiblement chez eux. Par contre, les problèmes dans la région nord du nord du Kivu--la violence dans la région de Bunia sur la frontière de l'Uganda--ont échappé à l'attention des groupes à Goma.

Comme dans le sud du Kivu, il y a des initiatives populaires et professionnelles qui sont bien structurées et actives. Ici encore, comme dans le sud du Kivu, le suivi des droits de l'homme de la situation n'a pas été une priorité. Dernièrement, les activités des groupes ont porté sur des tentatives de rapprochement. Par ailleurs, on met l'accent surtout sur l'éducation et l'assistance.

Association Muungano-Solidarité (Muungano)

Muungano est une association extraordinaire créée sous le nom de la Maison Caritas Paroissiale en 1984. Elle est engagée dans toutes formes d'instruction, dans le soutien des enfants et la réhabilition. Depuis 1989, Muungano a formé des parajuristes pour la communauté. Elle a aussi joué un rôle spécial par rapport à la prison qui est située juste en dehors de ses murs.

Centre de Formation pour la Promotion des Droits de l'Homme (CFPD)

Le CFPD a été formé en 1992 par des jeunes avocats et des associés à Goma. Il a tenu un nombre de séances de formation dans les droits fondamentaux. Ses avocats ont représenté de nombreuses causes liées aux droits de l'homme sans rémunération. Un de ses membres est dans le Haut Conseil de la République à Kinshasa. Le CFPD participe dans le Comité de Coordination d'aide urgente aux gens déplacés des zones de Walikale, Rutshuru et Masisi.

Commission Justice et Paix-Nord-Kivu

La Commission Justice et Paix est importante, quoique moins active dans le nord du Kivu que dans le sud. La structure est essentiellement la même que dans le sud du Kivu, tout comme les rapports avec les paroisses individuelles. La Commission a été établie en 1991 dans le bureau de développement du diocèse. Les activités principales sont la formation et l'assistance judiciaire. Son bureau est peut-être le seul endroit qui puisse recevoir des clients sans rendez-vous, quoiqu'il n'y ait pas la présence d'un avocat à temps plein. La Commission est aussi très active dans le contrôle des détentions dans les commissariats de police. Elle publie des rapports réguliers et développe un programme de formation pour la police.

Comme c'est le cas pour d'autres groupes, la Commission a été accaparée par le conflit ethnique. Ses activités consistent à animer des échanges sur les causes de la guerre et à enseigner les gens à résister aux manipulation extérieure.

Groupe d'Appui-Conseils aux Réalisations pour le Développement Endogène (GRACE)

Le Groupe d'Appui-Conseils aux Réalisations pour le Développement Endogène (GRACE) a été créé en décembre 1991 par deux membres ayant une expérience considérable dans d'autres associations. Dans un milieu où l'on tend à identifier les groupes soit avec les Banyarwanda soit avec d'autres ethnies, GRACE est reconnue comme multi-ethnique. Il y a quatre associés principaux, y compris Joseph Mudumbi, un avocat qui est aussi Président du LDGL, deux spécialistes de développement et un ingénieur. GRACE a un bureau ample mais modestement meublé, avec une des trois pièces réservée pour une bibliothèque et un centre de documentation. Il y a trois effectifs permanents: un Secrétaire, un Bibliothécaire et un Assistant.

Au départ, GRACE travaillait dans trois domaines: l'éducation civique et les services juridiques; le soutien pour les associations de développement; et la formation et la documentation. Il publie des livrets, participe à des séminaires et traduit des textes internationaux des droits de l'homme en swahili qu'on parle au Kivu. Comme tous les groupes de la région, son travail a été interrompu quand la "guerre" a éclaté dans la région Walikali en mars 1993. Depuis, il est très actif avec Oxfam et d'autres groupes dans le Comité Coordinateur ("Comité de Coordination d'Aide Urgente aux Gens Déplacés des Zones de Walikale, Rutshuru et Masisi") en travaillant pour le rapprochement ethnique.

Récemment GRACE a commencé un programme d'association pour mettre au point des mécanismes de solidarité avec des groupes dans la région. Un des premiers accords d'association est avec "l'Université Libre de la Région des Grands Lacs" qui vient d'être fondée. GRACE accueillera des étudiants en deuxième année de droit pendant les mois de juillet et d'août. Un autre accord a été passé avec PAIF, une initiative pour le développement des femmes.

D'autres groupes d'importance aux activités des droits de l'homme:

Groupe d'Etudes et d'Action pour un Développement Bien Défini (GEAD)

Le Groupe d'Etudes et d'Action pour un Développement Bien Défini (GEAD) est une organisation non-gouvernementale de développement qui, comme beaucoup d'autres organisations non-gouvernementales, est né des contacts avec la Solidarité Paysanne. Il est profondément engagé dans les communautés non-Banyarwandannes. Comme Président du CRONGD-Nord-Kivu, le Président de GEAD, Bushoki, a participé à la préparation de rapports généraux sur la violence dans le nord du Kivu.

Oxfam-UK

Le bureau Oxfam à Goma est activement engagé dans toutes les activités liées au rapprochement ethnique, bien que la loi britannique semble limiter sa participation au soutien des droits de l'homme comme tel.

Promotion et l'Appui aux Initiatives Féminines (PAIF)

La Promotion et l'Appui aux Initiatives Féminines (PAIF) est une initiative rare, fondée par un groupe de femmes professionnelles expérimentées qui se sentaient marginalisées et récupérées dans leurs tentatives de travailler dans les organisations non-gouvernementales de développement. Elles viennent de passer un accord de coopération avec GRACE. Parmi leurs projets figurent des programmes de formation, la promotion d'activités qui génèrent des revenus pour les femmes, la diffusion d'informations et des programmes éducatifs.

Syndicat des Consommateurs de l'Eau et de l'Electricité

Le Syndicat des Consommateurs de l'Eau et de l'Electricité a participé activement à l'éducation des consommateurs de leurs droits, en utilisant généralement les matériels qui viennent des groupes des droits de l'homme à Kinshasa.

Le Haut Zaïre

Le Haut Zaïre a été relativement calme, quoique plutôt isolé du reste du pays. La société civile est isolée et peu développée. Les communications et les déplacements dans la région sont difficiles. L'église catholique semble fournir la structure principale pour l'assistance humanitaire et d'autre soutien. Les groupes importants des droits de l'homme fonctionnent tous en relation avec l'église catholique sous l'égide de Justice et Libération dont les responsables principaux sont tous des membres du clergé.

Justice et Libération

Justice et Libération est une organisation extrêmement active qui réunit tous les groupes des droits de l'homme qui fonctionnent actuellement à Kisangani. Il vient de fêter son deuxième anniversaire dans un grand rassemblement auquel ont assisté des représentants des deux groupes des droits de l'homme à Kinshasa, parmi d'autres. Le Président est un jeune prêtre zaïrois qui est responsable d'un programme pour les enfants dans la ville. Il profite de ses parcours par la ville pour mobiliser les autres groupes des droits de l'homme et pour les aider à coordonner leurs activités.

Justice et Libération est un reflet d'une option "chrétienne" pour les pauvres. Elle est engagée dans l'éducation, la formation et le soutien pour des actions en faveur des droits de l'homme. Elle publie des documents et tient des réunions ouvertes. Le Comité Exécutif se réunit mensuellement.

Les membres principaux de Justice et Libération sont Les Amis de Nelson Mandela pour la Défense des Droits de l'Homme, Lotus, et Horeb. Tous ces groupes sont des organisations locales des droits de l'homme qui se servent des locaux des paroisses pour leurs propres réunions et beaucoup de leurs activités. Il y a dix à vingt membres actifs dans chaque groupe. Ils ont participé à la dissémination d'information, l'éducation des masses et la sensibilisation politique. A cause de la coopération au sein du diocèse, il y a beaucoup d'occasions où les groupes voyagent aux régions de l'intérieur pour aider dans des activités d'éducation populaire.

Shaba (Katanga)

Shaba est une région minière développée avec une classe moyenne urbaine raffinée. Elle est déchirée par des divisions entre les habitants originaux ("Katangans") et ceux qui se sont installés dans la région depuis la période de colonisation--venant principalement de la région voisine de Kasai. Les groupes des droits de l'homme sont des associations principalement professionnelles avec des liens avec l'église et l'université à Lubumbashi.

Ligue des Droits de l'Homme (LIZADHO)

La succursale Katanga de LIZADHO (basé à Kinshasa) a été assez active pendant les dernières années, au moins en tenant des réunions et en émettant des communiqués de presse. Il n'y a aucun personnel permanent, mais il y a des membres--surtout de jeunes cadres--dans plusieurs grandes villes du Shaba.

Centre des Droits de l'Homme et des Droits Humanitaires (CDH)

Le CDH a été créé en janvier 1993 par Jean Mbuyu Luyongola, ancien Président de LIZADHO à Katanga et le chef de l'Association Lubumbashi du Barreau. Le CDH publie un bulletin, La Voix du CDH, et a publié quelques rapports. Son objectif principal est d'établir un centre de documentation et de participer à la formation et l'éducation sur les droits de l'homme.

Commission Justice et Paix-Shaba

Il y a une Commission Justice et Paix qui fonctionne à Lubumbashi et qui réalise un certain travail juridique, bien qu'il n'ait pas de personnel juridique à temps plein.

- Peter Rosenblum


1 Except for the CRONGD and CNONGD themselves, few of the NGOs are actually incorporated. Typically, they have filed for status as non-profit corporations, but have not received the official presidential authorization. As a result, they have de facto legal personal ity, but cannot, for example, open bank accounts in the name of the NGO.


Home || Treaties || Search || Links