La Situation Actuelle des Organisations des Droits de l'Homme en Afrique Sub-Saharienne

Namibia


Quatre ans après l'indépendance, la Namibie lutte pour surmonter un passé entaché par des violations grossières des droits de l'homme sous le pouvoir colonisateur de l'Afrique du Sud. Pour faire ceci, elle a adopté une politique à deux facettes--une qui vise le dédommagement, et l'autre qui vise la "réconciliation nationale". Bien qu'il n'y ait pas eu de problèmes majeurs jusqu'ici pour la mise en oeuvre de cette politique, un équilibre très délicat entre ces deux aspects existe, et il existe toujours le danger de créer plus de problèmes qu'on n'en résout. Dans ce contexte, on remet en question les activités de SWAPO (maintenant le parti dominant) en tant que mouvement de libération, et il y en a qui demandent l'établissement d'une "Commission de la Vérité" pour traiter des violations des droits de l'homme commises par les uns et les autres dans la guerre civile. Le rapprochement national est con‡u pour encourager la collaboration de tous les Namibiens pour construire une nation nouvelle et cicatriser les blessures du passé. Ce thème est réitéré dans la constitution de la Namibie, qui est reconnue comme un document exemplaire en ce qui concerne la protection des droits de l'homme.

Il y a plusieurs problèmes rattachés à la politique du rapprochement national, dont le moindre n'est pas la répugnance tenace de SWAPO à permettre une enquête complète de son passé. En outre, plusieurs sud-africains qui auraient été profondément impliqués dans les atrocités pendant la lutte de libération occupent aujourd'hui des postes importants dans les agences namibiennes de la police et du gouvernement. De temps à autre un événement, tel que l'ouverture de l'enquête d'Anton Lubowski, met en évidence ce problème. La question du dédommagement a surgi dans la question des terrains, ainsi que dans le ch“mage et les problèmes de logement pour la majorité noire. Les mesures adoptées jusqu'ici, ajoutées à la restructuration économique, semblent avoir exacerbé le problème.

Un problème sur lequel la performance du gouvernement namibien a été extrêmement négative est la question des réfugiés, bien que certaines organisations des droits de l'homme rapportent qu'il y a eu un assouplissement dans l'attitude de garnison qui prévalait au lendemain de l'indépendance. Par ailleurs, c'est un fait notoire que le gouvernement a renvoyé chez eux des réfugiés de pays voisins, et est extrêmement susceptible aux accusations dans ce sens. Du c“té positif, le gouvernement namibien est généralement sensible au besoin d'une réforme des agences de police dont il a hérité à l'indépendance et d'une reconstitution du système pénal pour les délinquants mineurs.

Human Rights and Documentation Centre
(Centre de Documentation et Droits de l'Homme)(Université de Namibia)

Après la fondation de l'Université de Namibie en 1992, on a établi une Faculté de Droit tout en insistant sur l'importance d'un composant relatif aux droits de l'homme dans le programme d'études. En même temps, le Ministère de Justice voulait établir un centre de documentation sur les droits de l'homme. Peu après l'indépendance on a décidé de situer le Centre à la Faculté. Après plusieurs embouteillages bureaucratiques, le Centre a été inauguré, mais sans personnel.

Encore dans ses débuts, le Centre a l'intention d'avoir un rayonnement tant régional que national. On a déjà commencé à réaliser cet objectif, et le Centre fait partie d'un réseau qui le lie avec plusieurs universités de l'Afrique du Sud et de l'Europe. A l'échelle locale, le Centre est engagé dans la traduction de la Constitution Namibienne et, en particulier, de la Déclaration des Droits, dans un langage simple et accessible. Le Centre a déjà commencé à recueillir des matériels pour sa bibliothèque.

Legal Assistance Centre
(Centre d'Assistance Juridique)(LAC)

Le LAC a été établi au milieu de l'année 1988 pour traiter la question des pourvois en justice pour l'intérêt public avant l'indépendance. A ce moment-là, le travail de LAC visait surtout la guerre de libération, l'accès au système judiciaire, les secours aux victimes des forces de sécurité (surtout dans le nord de la Namibie), et la persécution de personnes accusées d'héberger des guérilleros. Depuis l'indépendance, on a révisé les objectifs et les besoins du Centre, ce qui a débouché sur la décision de donner la priorité à la formation juridique plut“t qu'aux pourvois en justice. A cet égard, le Centre a réalisé un travail considérable et a disséminé des publications dans plusieurs langues sur une grande partie du pays. Le Centre a développé plusieurs autres facettes du travail des droits de l'homme, y compris les droits des femmes et des enfants; les recours en justices, liés surtout à des mesures illégales prises par la police; la formation et l'éducation de la police; la situation des réfugiés; les syndicats coopératifs; le logement; le SIDA; la réforme de la justice et du code pénal; les instances d'essai; et la création de réseaux parmi les activistes.

Namibia Institute for Democracy
(Institut de la Namibie pour la Démocratie) (NID)

L'investigateur n'a pas pu interviewer les fonctionnaires du NID pendant sa visite en Namibie. Il a donc recueilli les renseignements relatifs à NID dans des publications qu'il a reçues.

Etabli vers la fin de 1991, le NID est une sorte de "think tank" (institut de recherches) qui conçoit des programmes éducatifs et qui utilise les médias, les séminaires, les groupes de discussion et des programmes d'information dans les communautés, dans le but "...d'obtenir le soutien et les connaissances nécessaires pour le développement et l'exécution de programmes d'information et de formation visant à éduquer et à informer les Namibiens sur le contenu de la Constitution Namibienne et les principes de la démocratie multi-partie." A cet effet, NID a tenu un nombre de séminaires et de congrès sur une variété de problèmes, mettant l'accent sur l'éducation civique, l'information publique et ce qu'on appelle "l'éducation pour la démocratie". Le NID a aussi publié un nombre de documents sur les droits des femmes, l'insertion sociale des minorités défavorisées et l'éthnicité, sous la rubrique d'une publication appelé Namibian Views (Perspectives Namibiennes). Il fonctionne évidemment en collaboration étroite avec la fondation allemande, la Konrad Adenauer Stiftung, l'agence d'aide financière du parti démocrate chrétienne d'Allemagne. Malgré la quantité de ses activités dans le domaine des droits de l'homme, il est apparent que l'organisation n'en est pas encore à percevoir comme une organisation des droits de l'homme.

National Society for Human Rights
(Société Nationale pour les Droits de l'Homme) (NSHR)

La National Society for Human Rights (NSHR) a été établie le 1er décembre 1989 pour affronter les problèmes du passé colonial et ceux de l'avenir indépendant. Il est engagé dans l'observation des droits, les campagnes et la pression politique, la défense des droits, la recherche et les rapports. Un des points de concentration étaient les violations passées de SWAPO (le parti dominant), quand c'était encore un mouvement de libération, et les allégations faites contre lui quant à la torture et la "disparition" de ses adversaires. La Society est organisée autour d'un réseau de succursales, reliées au siège basé à Windhoek, mais elle est fondée sur ce que le Directeur a décrit comme une philosophie "éthnolinguistique", avec un groupe représentatif de toutes les nationalités de la Namibie représenté dans son Secrétariat National. NSHR a aussi le statut d'observateur à la Commission Africaine des droits de l'homme.

- Joe Oloka-Onyango


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