La Situation Actuelle des Organisations des Droits de l'Homme en Afrique Sub-Saharienne

Aperçu
Introduction


L'activisme en faveur des droits de l'homme existe depuis longtemps en Afrique. Voilà des décennies que des individus engagés, avocats, journalistes, syndicalistes et membres d'organisations religieuses, suivent de près l'évolution des droits de l'homme et en dénoncent les abus, souvent dans des circonstances très hasardées. Cependant, ce qui est nouveau pour beaucoup de pays africains est l'apparition d'organisations des droits de l'homme qui se sont déclarées comme telles au cours des dernières années. Surtout depuis les dernières années 80, ces associations volontaires de citoyens ont pris sur elles la tâche de contrôler les abus des droits de l'homme, en informant les populations de leurs droits sous le droit internationale et nationale, et en faisant des recommandations aux gouvernements pour améliorer la protection des droits de l'homme.

C'est désormais une banalité de faire allusion aux changements démocratiques qui ont déferlé sur l'Afrique, surtout depuis la fin de la Guerre Froide, et à l'élargissement des possibilités pour les institutions et les sociétés civiques--non seulement les organisations des droits de l'homme, mais aussi les organisations politiques, les syndicats, les organisations de femmes, les sociétés de droits et d'autres. Cela a été le modèle dans des pays aussi variés que le Bénin, l'Ethiopie, le Malawi et la Zambie.

Hélas, cette démocratisation ne représente qu'une partie du panorama. A l'autre extrême il y a des pays tels que le Rwanda et l'Angola, où les organisations naissantes des droits de l'homme ne peuvent pas fonctionner dans des situations chaotiques qui vont de la paralysie politique à la guerre civile. Au Libéria et au Mozambique, qui sortent à peine de guerres civiles qui avaient entraŒné des abus grossiers des droits de l'homme, les organisations font toujours face à d'énormes obstacles--y compris la crainte de voir sombrer leurs pays dans une nouvelle vague de violence incontrôlée, à la suite du Rwanda et de l'Angola. Dans d'autres pays, tels que le Kenya et le Sénégal, où la société civile a une histoire plus solide, les groupes des droits de l'homme sont néanmoins entravés dans leurs efforts pour contrôler la violence politique et les abus des droits de l'homme.

Par contre, dans quelques pays, notamment en Afrique du Sud et au Zimbabwe, les organisations des droits de l'homme remontent avant la fin de la Guerre Froide. Une organisation sud-africaine, par exemple, a été fondée en 1955. Il est probable que dans ces deux exemples les contradictions liées à une société dominées par des colons blancs ont obligé des gouvernements répressifs à permettre un certain espace politique pour leurs adversaires au sein de la communauté blanche, afin de légitimer leurs prétentions d'être des bastions de la démocratie occidentale. Les activistes politiques et ceux des droits de l'homme ont su tirer parti de cet espace pour développer des organisations civiques plus fortes que dans la plupart des pays africains où l'on évoluait rapidement vers des régimes autoritaires à parti unique ou des dictatures militaires succédant aux répressions des régimes coloniaux.

Ainsi il devrait être évident que malgré l'origine récente de beaucoup d'organisations non-gouvernementales pour les droits de l'homme, chaque organisation a sa propre histoire et doit fonctionner dans des circonstances particulières. L'objet de cette introduction est de définir certaines préoccupations communes à toutes ces organisations partout en Afrique à l'égard des droits de l'homme. Cependant il faut lire cette introduction sans perdre de vue que ces organisations-mêmes diffèrent beaucoup entre elles. Bien que le respect pour les droits de l'homme a fait des progrès dans beaucoup de pays au cours des dernières cinq années et les activistes des droits de l'homme travaillent dans un environnement beaucoup plus favorable, c'est encore loin d'être la tendance dominante. Hormis les exemples extrêmes du Rwanda et de l'Angola, le respect pour les droits de l'homme reste fragile et la situation reste précaire pour la société civile dans un grand nombre d'autres pays de l'Afrique sub-saharienne, de la Mauritanie et du Tchad jusqu'au Swaziland et Lesotho, en passant par le Za‹re et le Burundi. Dans beaucoup de cas les groupes des droits de l'homme peuvent élaborer des projets raffinés pour l'avenir, puisqu'ils peuvent compter sur une aide financière venant de l'étranger et un personnel toujours mieux formé. Mais pour bien d'autres groupes, l'avenir est précaire. La communauté internationale doit encore à ces organisations des droits de l'homme une solidarité élémentaire afin de sauvegarder leur existence même.


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