La Situation Actuelle des Organisations des Droits de l'Homme en Afrique Sub-Saharienne

Cote d'Ivoire


CONTEXTE HISTORIQUE

La Côte d'Ivoire est un pays côtier avec une population de 14 millions. Il est largement irrigué par quatre fleuves, et a un climat chaud et humide. La Côte d'Ivoire est un puzzle ethnique; les groupes ethnies sont nombreux et diversifiés. Cependant, la population dérive essentiellement de quatre groupes, chacun divisé en plusieurs sub-groupes. Ils sont: Mandé (principalement Malinké, Bambara et Foula) dans le nord, Don dans l'ouest, Bete dans les régions centrales et du sud-ouest, et Akan (subdivisé en Baoule et Agni) dans les régions centrales et du sud-est.

La Côte d'Ivoire est le premier producteur du monde de cacao et le troisième du café et de l'huile de palme. Elle a aussi des industries de pêche et de minérales. Pendant les années 70, on croyait que le pays était un des plus riches en Afrique de l'ouest, bénéficiant des hauts prix de cacao et de café sur le marché mondial à l'époque. Le gouvernement a construit un système routier efficace pendant ces années. Cependant, depuis les années 80, le prix de cacao et de café ont continué à baisser, et cela, de sa part, a porté préjudice à l'économie ivoirienne. Les autorités ont pris des mesures pour baisser le niveau de la vie dans le pays. Ceux-ci n'ont pas été bienvenus par la population, et la situation politique a commencé à détériorer.

La Côte d'Ivoire a été gouvernée depuis l'indépendance par un régime d'une parti et un Président "autoritaire". Autant que l'économie a prospéré, les Ivoirians ne plaignaient pas du manque des libertés et la situation générale des droits de l'homme. Une presse libre n'existait pas, et les seuls journaux étaient la propriété du gouvernement. Le régime a proscrit les partis politiques, et a prohibé la liberté d'expression, orale ou écrite.

Une fois que la situation économique a commencé à détériorer, les gens ont élevé leurs voix et ont exigé un plus grand respect pour les droits de l'homme. Les demandes ont commencé dans l'université et les écoles secondaires et ont élargi au-delà. Des étudiants ont été tués. Un comité d'investigation a conclu que l'armée était responsable, mais le gouvernement a refusé de prendre l'action, et des émeutes ont ensuivi.

Après plusieurs mois d'une situation politique instable, le gouvernement a finalement consenti à permettre la formation des partis politiques et la publication des journaux indépendants. Par suite, il y a actuellement une multitude de partis politiques en Côte d'Ivoire, et les kiosques sont assez bien approvisionnés. Cependant, un "esprit de démocratie" est toujours absent dans le pays. Les journalistes ont été emprisonnés et certaines organisations ne sont pas officiellement reconnues. Les arrestations et les détentions illégales continuent, et la situation des prisonniers est très mauvaise. Dans une prison à Abidjan, une moyenne de trois prisonniers meurent chaque jour.

LES ORGANISATIONS DES DROITS DE L'HOMME

Les relations entre les ONG et le gouvernement sont pauvres. La Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme (LIDHO), l'organisation principale des droits de l'homme dans le pays, n'a pas la coopération des autorités dans son travail du contrôle des droits de l'homme. Le Président de LIDHO était emprisonné à la suite d'une manifestation. Actuellement les membres des ONG ne pensent pas que leurs vies sont en danger, mais leur situation n'est pas facile. Il y a aussi un climat général d'insécurité dans le pays, due aux activités de voleurs et bandits, que les ONG avec la population générale, expériencent.

Association Chrétienne pour l'Abolition des Tortures et pour le Respect des Droits de l'Homme
(ACATDH)

Histoire

Un groupe de jeunes gens ont formé ACATDH en 1990, reçevant la reconnaissance officielle en septembre 1992. L'organisation a le statut d'observateur chez la Commmission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples.

Mandat

L'objectif principal d'ACATDH est la promotion et la protection des droits de l'homme et la lutte contre la torture.

Structure

ACATDH est composé d'étudiants, d'avocats, d'enfants d'école, de professeurs, et d'autres, et a à-peu-près trois cent membres. Il a son siège à Abidjan, mais n'a pas son propre bureau. Il n'a pas de personnel salarié, et tout le travail est fait sur une base volontaire.

Programme

ACATDH

- produit des cassettes audio-visuelles sur des provisions-clé des droits de l'homme et les rend disponibles à la population;

- finance des campagnes pour sensibiliser la population pour qu'elle soit consciente des droits de l'homme et la nécessité de réagir en cas de violations;

- organise des séminaires et des carrefours sur la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples; et

- émet des annonces de presse en cas des violations massives des droits de l'homme.

ACATDH a aussi l'intention d'ouvrir un centre de documentation sur les droits de l'homme.

Association des Femmes Juristes de Côte d'Ivoire (AFJCI)

Histoire

L'Association des Femmes Juristes de Côte d'Ivoire (AFJCI) a été formée et a reçue reconnaissance légale en 1984. Elle était très active pendant un certain temps, suivi d'une période de longue inactivité. Elle a repris ses activités au bout de 1993.

Mandat

L'objectif principal d'AFJCI est de lutter contre toutes les formes de discrimination contre les femmes.

Structure

Les membres d'AFJCI sont exclusivement des femmes avocats. L'organisation n'a pas de personnel payé ni son propre bureau.

Programme

Pour exécuter son mandat, l'AFJCI a accentué la nécessité pour les femmes de connaître leurs droits, de les exercer, et de lutter contre leur violation. Au début, elles ont tenu une série de carrefours et de congrès avec des femmes à travers le pays. Elles ont donné du conseil juridique libre dans les dix départements d'Abidjan et dans d'autres parties du pays. Elles ont publié une série de livrets sur le mariage, et ont l'intention d'en produire une sur les droits de la famille. Actuellement leur but principal est l'ouverture des bureaux de conseil juridique pour les femmes à travers le pays.

Centre Ivoirien de Recherches et d'Etudes Juridiques (CIREJ)

Histoire

Le Centre Ivoirien de Recherches et d'Etudes Juridiques (CIREJ) a été créé en 1973 par un décret du Président de la Côte d'Ivoire, et n'est donc pas une ONG.

Mandat

L'objectif de CIREJ est de promouvoir les droits de l'homme et l'éducation des droits de l'homme.

Structure

Les membres du CIREJ sont des professeurs de droit et des fonctionnaires de différents ministères. L'organisation a beaucoup de personnel, tout payé par le gouvernement.

Programme

Les activités du CIREJ incluent:

- la recherche fondamentale sur les problèmes juridiques du pays;

- la recherche appliquée;

- la documentation juridique; et

- des séminaires sur les droits de l'homme, y compris la promotion et la protection des droits de l'homme en Afrique de l'ouest; les droits des propriétaires; la protection des forêts en Côte d'Ivoire, les femmes, et l'accès à la terre.

Ils planifient aussi de développer un programme de traductions vernaculaires de la loi pour l'emploi dans les régions rurales.

Groupe d'Etude et de Recherche sur la Démocratie et le Développment en Afrique Branche de la Côte d'Ivoire (GERDES Côte d'Ivoire)

Histoire

GERDES Afrique, créé en 1990, est une organisation pan-africaine, à but non lucratif avec le siège au Bénin et une branche en Côte d'Ivoire. La branche de la Côte d'Ivoire a été formée en 1991.

Mandat

L'objectif principal de GERDES Côte d'Ivoire est de contrôler la démocratie par l'éducation civique, la formation d'observateurs d'élection, la recherche, l'intervention politique, etc.

Structure

GERDES Afrique a plus de 1.000 membres dans vingt pays africains. Les membres en Côte d'Ivoire sont des intellectuels de toutes les branches professionnelles. GERDES Côte d'Ivoire a un bureau à Abidjan, et emploie un officier administratif pour le gérer. Tous les autres membres travaillent sur une base volontaire.

Programme

GERDES Côte d'Ivoire a tenu une série de carrefours de formation pour discuter la démocratie avec:

- des journalistes, pour discuter leur rôle et pour établir des codes d'éthique professionnelle;

- les chefs de différents médias, y compris la radio et la télévision. Ce carrefour a inclu des participants de Mali, de Sénégal, de Cameroun, de Guinée et de la Côte d'Ivoire;

- les femmes, de leur rôle dans le procédé de la démocratie;

- les jeunes, et leur rôle dans le procédé démocratique; et

- les magistrats et leur rôle dans la promotion de la justice.

GERDES Côte d'Ivoire a aussi un programme d'instruction civique de la population sur la citoyenneté, le vote, et des affaires similaires.

Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme (LIDHO)

Histoire

La Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme (LIDHO) a été formée en mars 1987, et a recu la reconnaissance officielle du gouvernement en juillet 1990. Pendant le même mois l'organisation a organisé son premier congrès.

Mandat

Les objectifs principaux de la LIDHO sont la promotion et la protection des droits de l'homme.

Structure

Les membres de LIDHO sont divers, et l'organisation est composée de divers professionnels, des citoyens et des activistes. Selon ses rapports, elle a 750 membres.

LIDHO a son siège à Abidjan, bien qu'elle n'ait pas de personnel salarié ni son propre bureau. Elle utilise une église comme endroit de réunion et de travail. L'organisation a cherché à ouvrir des sections à Abidjan et autour du pays. Maintenant elle a quatre sections à Abidjan et quatorze dans le pays entier.

Programme

Depuis sa création, LIDHO a dénoncé les violations des droits de l'homme dans le pays par voie des annonces de presse et des congrès. En 1992, à la suite des violations grossières des droits de l'homme à l'Université d'Abidjan, LIDHO, avec quelques partis politiques, a organisé une manifestation publique dans les rues d'Abidjan. La police a violemment réprimé cette manifestation, a arrêté le Secrétaire Général de LIDHO et l'a emprisonné pour plusieurs mois.

LIDHO contrôle les abus. Quand elle reçoit une plainte, elle répond selon la nature de la violation. S'il y a une violation des droits d'un individuel, elle contacte la personne dont les droits ont été violés, enquête sur la situation, négocie avec le violateur pour arrêter la violation, et si aucun accord n'est atteint, ils traduisent le cas en court. Si les droits d'un groupe ont été affectés, LIDHO contacte autant des victimes que possible, et cherche ceux qui ont disparu; elle dépiste des témoins, enquête et analyse les rapports; elle émet des annonces de presse et lance des campagnes; et elle s'adresse aux partenaires externes (en Afrique et à l'extérieur) pour protester contre les violations.

LIDHO travaille aussi à la situation dans les prisons. Elle émet des annonces de presse sur la situation de prisonniers, le nombre de morts, la situation sanitaire, etc. Les prisons de la Côte d'Ivoire sont très dures. Les prisonniers sont torturés et ils ne reçoivent pas assez de nourriture.

LIDHO a publié un livret qui s'appelle Je Connais Mes Droits, mais ils n'ont pas eu les fonds nécessaires pour continuer dans cette sphère.

Mouvement Ivoirien des Femmes Démocrates (MIFED)

Histoire

Le Mouvement Ivoirien des Femmes Démocrates (MIFED) a été formé en 1990 par un groupe de femmes qui croyaient à un rôle plus important pour les femmes dans le développement de la Côte d'Ivoire.

Mandat

L'objectif primaire de MIFED est la promotion et la protection des droits de femmes. MIFED croit que la Côte d'Ivoire ne peut pas développer sans la participation complète des femmes.

Structure

Les membres de MIFED sont des femmes professionnelles et d'autres, lettrées ou illettrées, qui vivent dans les villes et dans les régions rurales. Les rapports de l'organisation indiquent à-peu-près 1.000 membres. L'organisation a du personnel payé, basé principalement dans le bureau d'Abidjan de l'organisation.

Programme

Les activités de MIFED incluent:

- tenir des congrès et des carrefours sur les thèmes suivants: les droits de la famille, l'accès de femmes au crédit, la mutilation sexuelle, la SIDA;

- émettre des annonces de presse pour dénoncer les violations des droits de l'homme en général et les droits de femmes en particulier;

- tenir des congrès de presse sur la situation des femmes en Côte d'Ivoire;

- organiser des actions de solidarité avec les prisonniers à MACA (la prison principale dans le pays), surtout avec les prisonnières;

- organiser des carrefours sur la démocratie, parce que MIFED croit qu'une société démocratique signifiera la fin de la discrimination contre les femmes; et

- diriger un Centre pour l'assistance sociale, économique et juridique pour les femmes. Dans ce centre les femmes peuvent apprendre leurs droits, recevoir de l'assistance médicale, et être formées comme des artisans.

- Seny Diagne


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